(…)Les enfants, c’est aujourd’hui ma principale préoccupation. Je détourne la réalité pour que mes enfants, pour que les enfants qui m’écoutent, puissent avoir un processus d’individuation le plus serein possible et ne tombent pas dans les écueils, la surdramatisation de l’époque. C’est un peu se voiler la face, c’est vrai… Mais, dans ce contexte violent, brutal, j’essaie d’atténuer la réalité aux yeux de mes propres enfants, non sans sarcasme mais tout en les alertant sur la situation. Je suis allé en famille à la marche blanche pour Nahel et ça n’était pas rien, pour moi, de les sensibiliser dès maintenant à la douleur des autres. Quand mon fils sera adolescent, il ressemblera potentiellement à Nahel. Il va potentiellement faire des bêtises lui aussi, des erreurs, et je ne veux pas qu’il prenne une balle pour ça. Les enfants, c’est la priorité, on doit mettre l’accent et le curseur sur eux. Je veux les préparer, leur donner des outils sans, non plus, les polluer. Une cellule familiale, rien n’est plus politique : on prépare les citoyens à venir.
(…)Je n’essaie pas de tuer une partie de moi-même au profit d’une autre. C’est d’ailleurs souvent l’erreur du débat politique : on n’entend pas ce que l’autre a à dire. Mes questionnements — à propos de mes origines, mes spécificités — peuvent, je crois, servir les gens issus de l’immigration qui s’interrogent sur le fait, la façon d’être français. On les assigne constamment à répondre à des questions identitaires galvaudées. « Es-tu d’abord français ou algérien ? algérien ou français ? Mets-tu d’abord en premier les valeurs de l’islam ou celles de la République ? » Ce genre de questions tronquées polluent le discours. Et puis on devrait tous l’avoir, ce « syndrome du métis ». On devrait tous être dans cette gymnastique perpétuelle. La vérité est là : ce n’est pas avoir raison, c’est se remettre en question et prendre en compte l’avis de l’autre. J’ai passé mon temps à faire ça, artistiquement.
Interview interessante, merci pour ce partage.
J’ai découvert Médine il y a quelques années, c’est une personne assez réfléchie, et qui a souvent un point de vue intéressant sur les choses.
Je ne connaissais pas Revue Ballast non plus, d’ailleurs